Maniant espièglerie et passion,
cynisme et tendresse,
Clarika,
sous couvert de son image
de jeune fille gentiment foldingue,
s'est imposée en trois album
comme l'étalon, en France,
d'une chanson
toujours vive et alerte.
Clarika éclaire de sa malice
son univers de gens un peu bancals,
le tout soupoudré
d'un humour décapant
et d'un sens aigu de l'autodérision.
"Je suis à mille lieues
de ceux qui chantent
en se regardant le nombril.
Je me sens assez proche de Souchon.
J'aime dans la chanson
son côté populaire,
et que de ces mots naisse
une véritable complicité."
Clarika
Claire Keszei
est née le 3 février
1967
à Boulogne-Billancourt
en banlieue parisienne.
A Annemasse en Haute-Savoie,
elle intègre à l'âge
de huit ans
la fanfare municipale des Cadets
où elle y apprend à
jouer du fifre.
De retour à Paris,
elle poursuit cet apprentissage
musical.
Entre les groupes de punk
et de rock tendance Trust,
les répétitions dans
la cave du batteur
avec pour seul public
la maman et les cousins du dit
batteur
ne sont pas franchement excitantes.
Clarika continue de chercher sa
voie.
Inscrite en hypokhâgne,
elle décide de tâter
de la comédie.
Elle prend des cours de théâtre
- où elle croise notamment
Laurent Lucas
que l'on verra plus tard
dans le film de Dominik Moll,
"Harry, un ami qui vous veut du
bien" (2000) -
mais renonce rapidement :
"Ça manquait de spontanéité,
on parlait de Tchekov pendant des
heures
au fond d'un café
et quand on se décidait
à répéter,
il était 3 heures du mat'.
".
Premiers essais musicaux
Exit les planches,
Clarika s'inscrit rue Ballu
au cours du Studio des Variétés.
A cette époque,
elle rencontre Jean-Jacques Nyssen,
chanteur et musicien belge.
Le coup de foudre est sentimental
mais également artistique.
La petite brune au nez en trompette
et au caractère bien trempé
et le petit timide perdant ses
cheveux
décident de travailler ensemble.
Plusieurs maquettes, de nombreuses
cassettes.
Le tout est envoyé aux maisons
de disques
qui font la sourde oreille.
François Hadji-Lazaro
qui dirige le label indépendant
Boucherie Production
est interpellé par la voix
de la jeune fille.
Comme il a décidé
de lancer
un label chanson "Chantons sous
la truie",
il signe le premier album en 1994
:
"J'attendrai pas cent ans".
La pochette de l'album traduit bien
le caractère de la demoiselle.
Sur la photo, mains sur les hanches,
les cheveux en pagaille,
Clarika, hautaine,
défie du regard le monde
entier
tandis que son Nyssen d'homme
roupille paisiblement à
l'arrière-plan.
D'ailleurs, le titre qui tourne
à l'époque
sur les ondes s'appelle "Tu dors
tout l'temps".
Une chanson douce-amère qui
mélange
avec poésie une scène
de vie quotidienne,
la rancour du désir inassouvi
et l'ironie amoureuse d'un couple
qui s'entend à merveille.
Car les vers modernes de Clarika
(n'est-elle pas la fille
d'un poète hongrois Istvan
Keszei
et d'une prof de lettres)
se marient parfaitement
avec les orchestrations de Nyssen
qui manie aussi bien les cordes
que l'accordéon, les casseroles,
le biniou ou le ukulélé.
Les thèmes abordés
dans ce premier album
révèlent une certaine
noirceur d'âme :
la folie et la mort dans "Un peu
bizarre",
les rêves désabusés
d'Eden
ou de monde meilleur dans "Mon
bel héros",
"Superwoman"
mais aussi la nostalgie de l'enfance
dans "Margot" où les règlements
de compte à la récré
ne sont pas
sans rappeler le "J'ai dix ans"
de Souchon.
D'ailleurs, la chanteuse revendique
le chanteur "bidon" au rang de
ses inspirations :
"Je me sens assez proche de lui.
Et puis, j'aime dans la chanson
son côté populaire,
qu'elle soit accessible à tous. Et que de ces mots naisse
une véritable complicité".
Cette complicité sera assouvie
avec un public amateur
de ses chansons ironiques et acides
qui cachent une véritable
tendresse.
Clarika se produit à Paris,
notamment au Sentier des Halles
ou au Lucernaire
où se retrouvent les admirateurs.
Puis elle triomphe en formation
acoustique
au festival des Francofolies de
La Rochelle
en juillet 93.
Le bouche à oreille fonctionne
tant et si bien chez les professionnels
que Sony propose de récupérer
l'artiste en son giron.
Deuxième album
En 1996, sort
"Ça s'peut pas".
L'album,
grâce notamment à
l'intervention
de Dominique Blanc-Francard
comme producteur artistique
et de moyens plus importants,
prend de l'épaisseur musicale.
L'acidité devient acidulée,
mais les thèmes restent
les mêmes.
Les rapports garçons/filles
sont exacerbés
notamment avec la chanson phare,
"Beau comme garçon"
aux paroles définitives
pour les play-boys des bacs à
sable :
"T'es beau comme garçon
/
Mais y'a tant d'air dans ta tête
/
Qu'on peut y faire de l'avion".
Les bellâtres sont K.O. debout
et le public se lève
pour applaudir la chanteuse.
Clarika devient la figure de proue
d'une chanson
qui n'a pas droit à l'exposition
des grands médias télé
ou radio
mais qui draine avec elle
toute une génération
de jeunes artistes
renouvelant le genre :
Mano Solo
(dont le guitariste Jean-Louis
Solans
joue sur le premier album de Clarika),
Les Elles,
Rachel des Bois
ou la Grande Sophie
qui fait souvent les choeurs
pour Clarika et Nyssen.
La presse spécialisée
s'empare
de la petite chanteuse, phénoménale
de talent.
Tous saluent le bagou et l'ironie
de Clarika
qui sur scène comme sur
disque,
rend hommage en une même
chanson
aux Bee Gees et à France
Gall.
Elle mélange les choeurs
des uns avec les paroles de l'autre
sur "J'suis game over" :
"Résistes / Prouves que
tu existes".
A la vacuité d'un quotidien
déprimant,
Clarika enchaîne la plus
belle
des déclarations d'amour.
C'est "Non, ça s'peut pas"
:
"On se dévore des yeux /
Sous la lune sanguine /
Et on se croit plus malin /
Et on a peur de rien".
Ce n'est pas tant la qualité
du verbe
que son interprétation qui
conquiert le public.
La chanteuse est désarmante
de naturelle
sur scène comme hors de
scène
et la cloison entre vie artistique
et vie publique est si ténue
que parfois les deux se confondent.
Tant et si bien
que Jean-Jacques Nyssen reprend
à son compte
cette chanson et la détourne
(autodérision permanente
du couple)
en une bouillie pré-technoïde
sur son propre album "Le parcours"
en 1999.
Francofolies : Premier prix
En 98,
Clarika reçoit au festival
des Francofolies
le prix Félix Leclerc du
meilleur jeune auteur.
L'aura de Clarika prend de l'ampleur
et on l'invite désormais
aux grand' messes
caritatives et discographiques.
C'est ainsi qu'elle écrit
pour Sol en si
"L'Océan des Possibles"
qu'elle interprète en duo
avec un autre chanteur d'origine
hongroise,
Michel Jonasz.
Après une préparation
en résidence-chanson
au Théâtre d'Ivry
en banlieue parisienne,
"La fille, tu sais"
est le troisième album enregistré
en 2001,
par Clarika,
toujours avec la complicité
de Jean-Jacques Nyssen.
L'album s'ouvre sur une chanson
sulfureuse et comique,
"Les garçons dans les vestiaires".
Clarika y fantasme,
le sourire aux lèvres,
sur les désirs et les délires
des garçons
sous la douche.
D'ailleurs, la chanson donnera lieu
à un clip en petite tenue,
tourné avec les joueurs
de rugby
du Stade français,
réputés pour leurs
poses suggestives
dans des calendriers sexy.
Des ambiances de stade,
Clarika revient à ses origines
magyares
avec "Heureux"
où l'accompagnement est
assuré par les Moujiks.
Puis évoque les amours saphiques
de "Deux Anglaises"
à l'aide d'une simple guitare,
d'un accordéon et d'une
voix
qui jamais ne se dépare
de cet émouvant vibrato
de jeune fille fatiguée.
Récemment,
Clarika a participé à
l'album compilation
"Ma chanson d'enfance"
où elle reprend "La ballade
irlandaise" immortalisée par Bourvil.
On peut aussi l'entendre
sur le dessin animé "Bécassine,
le trésor des Vikings" de
Philippe Vidal
pour lequel elle interprète
"Etre un ami pour la vie".
Maniant espièglerie et passion,
cynisme et tendresse,
Clarika, sous couvert de son image
de jeune fille gentiment foldingue
s'est imposée en trois albums
comme l'étalon, en France,
d'une chanson toujours vive et
alerte.
Clarika :
"J'attendrai Pas Cent Ans"
1. Tu Dors Tout l'Temps
2. Saoule: La Chaleur Saoule
3. Emilio
4. L'Herbe Verte
5. Superwoman
6. Mon Bel Heros
7. Fais Gaffe
8. Poupee Gonflable
9. Un Peu Bizarre
10. Margot (Et Meme Pas Cap d'Abord!)
11. Au Fond d'Ma Baignoire
CLARIKA
"CA S'PEUT PAS"
(1996)
01. Beau comme garçon
02. Mes petites vacances
03. Manger les fleurs
04. Avec Luc
05. Le cimetières des choses
06. J'suis game over
07. Non ça s'peut pas
08. La vieille au chat
09. Léo (petite princesse
mirage)
10. Je veux ci
11. Je veux ça
Poésie romantiquo-moderne,
mélodique et envoûtante,
portée aux cieux par une
voix féerique
à la limite de la justesse.
Clarika joue sur le sentimental
et la tristesse de petits moments
de vie.
Sans jamais atteindre le dépressif
et toujours avec une petite pointe
d'humour.
Les textes ont quelque chose de
naïf,
le parler est de tous les jours.
Le mélange de dérision
et de tendresse
fait merveille.
En écoutant Clarika
on se sent parfois mélancolique,
mais c'est si beau.
Clarika
Impertinente, agréablement
dérangeante,
Clarika respire l’intelligence
et la sensibilité.
Avec une drôlerie lucide et
acidulée,
elle porte un regard réaliste
sur le quotidien, chantant à voix sensuelle les morsures
de la vie à deux,
l’ennui dont on se console avec
du Lindor.
Qu’elle inverse le machisme ordinaire,
se campe en jalouse excédée
ou s’attarde sur le rêve
de plastique
des mannequins de vitrine,
sa causticité, son audace
troublante et affutée
dessinent finalement une personnalité
touchante,
dont l’humour reflète un
courage intime.
Le tout servi par une pop tonique,
gouleyante, aux instrumentations
foisonnantes,
et par des textes intercalaires
insolents,
tout en clins d’œil.
Clarika
LA FILLE, TU SAIS
Album - 2001
Universal
01. Les garçons dans les
vestiaires
02. Ton pull-over
03. We are the losers
04. Enlève ton imperméable
05. La fille tu sais
06. Deux anglaises
07. E pericoloso sporgersi
08. Mais qui sont les gens
09. Marie-Rose
10. La vénus en caoutchouc
11. Cher cousin
12. Heureux
"Troisième album de Clarika
et c'est toujours un enchantement
que de découvrir ses nouvelles
chansons,
petites scènes de vie amusantes
racontées
par l'espiègle Clarika.
Il faut passer son disque en boucle
et la voir en concert impérativement!!
A bon entendeur... "
"J'ai entendu "les garçons
dans les vestiaires".
Un album qui contient un tel tube
(osons le mot)
mérite forcément
l'attention. "
"Clarika
c'est des textes réalistes
qui expriment les sentiments
des uns et des autres dans la vie
quotidienne.
Clarika parle de l'ennui, de l'amoureux
dont elle se languit,
de celui qui préfère
regarder les autres filles,
de l' amour en secret, de sa joie
de vivre,
bref des hommes et des femmes qu'elle
croise
et qu'elle décroise à
travers les alexandrins
de cet album devenu pour moi incontournable.
En plus les paroles ont ce petit
effet madeleine
de proust qui fait qu'on se retrouve
toujours
étrangement dans les textes
de Clarika.
Seul hic: la durée des chansons.
Traverser l'univers de Clarika
ne vous prendra en effet
que 35 trop courtes minutes...
"
Interview :
Clarika
Comment avez-vous commencé
a chanter?
J' ai d' abord suivi des cours de
théâtre
puis peu à peu, l' envie
de chanter s' est imposée,
j' ai commencé par répondre
à des petites annonces
dans des magazines " rock "
où tel ou tel groupe cherchait
une chanteuse !
Je chantais en " yaourt "
et me suis retrouvée dans
des groupes ska, hard, un peu tout et n' importe quoi.
ET puis j' ai rencontré Jean-Jacques
Nyssen
dans un cours de chant
et nous avons commencé à
écrire
des chansons ensemble
et à monter une petite formation
acoustique
pour nous produire sur scène
rapidement ...
Quels musiciens ou artistes vous
ont influencée?
J' ai surtout été
influencée
par des artistes auteurs " francophones
"
non pas par esprit nationaliste
ou patriote
mais parce que le français
est malheureusement
la seule langue que je maitrise
et comprends
et que je suis sensible aux textes
et à ce que racontent les
chansons,
et ce, même si la musique
doit les épouser
harmonieusement en donnant aux
mots
une dimension nouvelle....
Bashung, Gainsbourg, Renaud, Couture,
Lavilliers, Jonasz, Souchon
furent mes chanteurs de chevet
à l' adolescence,
même si j' écoutais
aussi les Clash,
Red Hot chili Peppers, R. Lee jones,
Bowie, Les Stones etc...
Quels sont les aspects positifs
et négatifs quand on est chanteuse/artiste en France?
Le fait d' être UNE chanteuse
serait plutôt
un atout quand on écrit
ses propres textes
( les filles sont plus souvent
interprètes,
il me semble ).
Par contre, mais c' est valable
pour les représentants du
sexe masculin aussi,
le marché est actuellement
saturé
par les produits dérivés
de la télé-réalité
( Pop stars, Star académiciens
et autre ).
En même temps, celà
cree aussi un vrai désir
du public d' une " certaine " authenticité
...
Quelle(s) image(s) avez-vous de
la Finlande
et des Finlandais?
Très "floue" ...
Un pays plutôt "libre", jeune,
assez concerné
par les progrès sociaux
et l'écologie
et un certaine qualité de
vie ...
(me trompe-je??? )
Connaissez-vous la musique finlandaise
/
des artistes finlandais?
Absolument pas (pardon !)
Comment pourriez-vous définir
votre style musical?
Chanson moderne réaliste
avec influence un peu pop,
un peu ci, un peu ça ...
De quoi parlent vos chansons?
Du quotidien, des gens,
du petit trou de la serrure.
Quelle est, dans votre répertoire,
la chanson que vous préférez?
Il y en a plusieurs
mais j' ai un petit faible pour
" Ca s' peut pas "
que j' ai eu la chance d' enregistrer
une première fois en solo,
puis l' an dernier avec Bernard
Lavilliers.
Pour quelles raisons?
La simplicité des paroles
qui semble toucher les gens assez
directement.
Faites-vous régulièrement
des concerts?
Oui
Préférez-vous la scène
ou le studio?
Indéniablement la scène.
J' aime aussi le studio,
mais c' est une expérience
plus ponctuelle
et je me sens vraiment dans mon
élément
face à un public !
Pendant la préparation d'un
album,
quel moment préférez-vous?
Quand tous les titres sont écrits,
choisis
et qu' on commence à rentrer
en phase
de production .
Quelles musiques écoutez-vous
en ce moment?
Quark, Holden, Murat, The little
Rabits,
D.Annegarn,
l' intégrale de Léo
Ferré
( pour un projet hommage ),
Katerine, LLhasa etc ...
Une question stupide... quelle est
votre chanson préférée?
Il y en a plein,
et pour des raisons différentes
mais là aujourdh'ui nous
dirons
" la chanson d' Hélène
"
extrait du film " Les choses de
la vie "
de Claude Sautet,
chantée par Romy Schneider
et Piccoli.
Elle me touche infiniment.
Que pensez-vous d'internet en tant
qu'auteur / interprête?
??
Pensez-vous qu'Internet représente
une réelle menace pour les
artistes
(au sujet des droits d'auteurs)?
Je ne sais pas si c' est une menace
mais c' est en tous cas
un formidable outil de découverte
!
Quels sont vos projets?
Quatrième album et tournée
dans la foulée.
Ecrire pour d' autres (textes)
Seriez-vous prête à
venir
dans le "Grand Nord"
pour faire quelques concerts?
J' adorerais, ça fait longtemps
que je veux découvrir cette
partie du "globe"
et en chantant, ce serait encore
mieux.
Site Internet :
http://clarika.artistes.universalmusic.fr/
http://www.clarika.fr.fm/
Des Photos sur :
http://alain.marie2.free.fr/concerts/groupes/clarika/
20030823_roche_jagu/concert.htm |